Accueil > Le Monde est vert

Convivance et adaptation au changement climatique

Par Robert Lanquar,Ph.D. Commissaire du Forum de Cordoue, Forum mondial de la Convivance | 09 mai 2023 | Mis à jour à 10:05


Le Monde est vert

| Enfin ! Nous venons de passer du déni, de l’éco-scepticisme climatique à l’urgence climatique !  Il fait et fera encore plus chaud, presque tout le monde est d’accord, les scientifiques l’ont prouvé, même si cela est perçue de manière encore peu précise ! Pourtant, quand l’agence météorologique espagnole met en garde contre des évènements climatiques de plus en plus graves qui pourraient frapper le pays, contre la sécheresse ou les brusques inondations qu’éprouvera l’ensemble de la péninsule ibérique, elle reçoit une avalanche d’insultes et de menaces. 

 

Certains politiques soulignent même que le carbone, c’est bon pour la végétation et qu’il est préférable que certaines rivières soient artificiellement rechargées lors de festivités comme la Romeria del Rocio, à Almonte aux portes du Parc national de Doñada, en Andalousie, pour que l’on puisse s’y rebaptiser symboliquement, alors que la nappe phréatique du Parc a été quasiment vidée, qu’elle ne pourra se recharger avant des décennies et que les oiseaux et amphibiens délaissent le Parc ou y meurent au grand dam des touristes.

Comment atteindre un consensus et convaincre les politiques d’agir tout de suite ? Comment ne pas attendre 2035 quand tous les points de rupture écologique seront dépassés et la réversibilité impossible : un emballement climatique qui pourrait atteindre + 4º degrés en Europe, une biodiversité catastrophiquement réduite, une pollution absolue de l’air, des sols et des océans?  

Pour éviter le chaos social, il faudra dialoguer et dialoguer à tous les niveaux, sa rue, son quartier, sa ville ou son village, son département ou sa province, sa région. Il faudra que les politiques montrent plus de courage au-delà des promesses qu’ils multiplient. Comment la convivance dans sa rue, son quartier, sa ville ou son village, son département pourrait y concourir ? 

Ce fut l’objectif de la table ronde que la Fondation Paradigme pour la Convivance a organisé début mai 2023 à Cordoue pour expliquer que seuls le dialogue, l’inclusion, la prise en compte des questions sociales et environnementales pourraient conduire à trouver des solutions dans un contexte global et systémique pour que cette adaptation se fasse sans trop de dégâts sociaux, collectifs ou individuels. Une association courdouane nous l’expliquait : Quartiers pour le climat (Barrios por el clima), projet d’Ecologistes en Action cofinancé par l’Union européenne, dans le cadre du projet européen « NO hay un PLANeta B » (CSO-LA/2017/388-137), est intervenue avec succès dans sept quartiers de Cordoue et de trois villes de sa province (Baena, Pozoblanco et Puente Genil) pour l’appropriation de leurs espaces de coexistence ;  c’est-à-dire de convivance,  outil pour faciliter le développement collectif, et en réseau, de mesures d’adaptation au changement climatique. 

Les architectes – urbanistes sont aussi conscients que nous devons arrêter le tout voiture qui empêche la vie collective dans les rues, les places, les abords des parcs urbains. L’architecte de la ville de Montoro à une cinquantaine de kms de Cordoue, célèbre pour son huile d’olive, en a fait la démonstration. Nos enfants ne jouent plus dans les rues comme il y a deux ou trois générations. Et si nous voulons repeupler nos campagnes, accélérons le passage au télétravail. 

Ces constatations ont été reprises par le Directeur de la politique environnementale de l’Université de Cordoue. Il s’agit de parler du changement climatique et de toutes ses implications  dans presque tous les programmes universitaires. Il s’agit de former à trouver des solutions pour l’adaptation au changement, à prévoir et anticiper les impacts. Il s’agit de rendre l’Université et ses campus accessibles d’abord par des transports publics. Il s’agit d’utiliser seulement des énergies renouvelables, et de mieux construire ou réhabiliter les bâtiments pour les isoler thermiquement dans une Andalousie où les 50º degrés Celsius seront souvent dépassés.

Le représentant de Greenpeace Andalousie est enfin intervenu  pour montrer que l’Andalousie n’échappera pas à la montée des conflits sociaux (qui pourraient devenir violents ) si des mesures ne sont pas rapidement prises au niveau local, départemental et régional et ce, bien avant 2035, année de tous les risques. 

Là encore seul le dialogue entre les autorités et la société  civile permettra de réduire ces conflits et de mieux vivre ensemble, c’est-à – dire en convivance. 

Robert Lanquar,Ph.D. Commissaire du Forum de Cordoue, Forum mondial de la Convivance comisario.convivencia@forodecordoba.org

Vidéo de la table ronde du 3 mai dernier :