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Les citoyens doivent devenir les créateurs du changement

Par Audrey Tcherkoff | Vice-Présidente Exécutive de l'ONG Positive Planet fondée par Jacques Attali | Directrice générale du LH Forum sur l'économie positive | 03 décembre 2018 | Mis à jour à 03:12


Communautés

| Il est grand temps de passer aux actions concrètes. Préserver l’environnement, améliorer les conditions de vie de tous, pour aujourd’hui et demain.

 

Préserver l’environnement, améliorer les conditions de vie de tous et mettre l’économie au service des générations futures ne sont pas des principes contradictoires avec modernité et construction de valeur. Au contraire. Si l’on prend la définition du progrès -un changement d’état qui consiste en un passage à un degré supérieur- ils sont même ce que l’on peut faire de plus proche de cette notion, recherchée par toutes les générations qui souhaitent le mieux pour leurs enfants et chère à tous les politiques. Si l’on veut ce progrès-là, on doit le faire savoir aux grands de ce monde. Montons au créneau. Toutes et tous.

Les entreprises apprennent à composer avec les applications d’évaluation de produits et les opérations de boycott. Depuis #Ilestencoretemps et la Marche pour le Climat, avec #onestprêt, sur la même lancée, les mouvements citoyens sont de plus en plus suivis. L’insatisfaction générale gronde, ce n’est pas nouveau, mais le niveau monte. Le dernier exemple en date, celui de la hausse du prix à la pompe, en est une illustration de plus. On peut difficilement critiquer les citoyens qui se plaignent de la baisse de leur pouvoir d’achat -Le vrai sujet pour les citoyens- au-delà du fait que cette mesure ne semble prendre l’écologie que comme prétexte, est surtout qu’elle apparaît injustement douloureuse pour certains alors qu’elle est indolore pour d’autres. Les difficultés liées au pouvoir d’achat font monter le populisme, surtout si le vote ne parait plus être l’espace adéquat pour exprimer ses revendications. Car oui, les citoyens sont décontenancés par le manque de vision, d’action et de cohérence de leurs politiques. Les gouvernements peuvent et doivent l’entendre.

Chacun a le pouvoir de faire bouger les lignes, de façon positive. Nous sommes peut-être au début de la plus grande opération d’intelligence collective humaine de tous les temps, avec un tel bénéfice commun à la clé que nous n’avons pas le droit de rater cet appel. Car si l’on considère l’intelligence collective comme la capacité à accomplir des miracles en utilisant les synergies d’une communauté d’individus motivés travaillant dans le même sens, alors c’est bien ce qui est en train de se produire, et c’est ce dont l’humanité a le plus besoin.

Il est grand temps de passer aux actions concrètes. Préserver l’environnement, améliorer les conditions de vie de tous, pour les femmes et les hommes d’aujourd’hui et demain: c’était le thème de la deuxième édition du Global Positive Forum (GPF) qui s’est tenue le 20 novembre, juste avant le G20. Y ont été présentées 20 propositions, élaborées sur la base de 50.000 initiatives, suite aux États Généraux des générations futures, grande consultation citoyenne mondiale. Ces propositions ont été spécifiquement pensées afin de répondre aux problématiques économiques, sociales et environnementales actuelles. Pas de blabla. On parle bien de la recherche d’un impact positif sur la vie des générations actuelles et futures via des actions concrètes notamment pour l’accélération de la transition énergétique, l’adaptation aux conséquences du changement climatique, la préservation des écosystèmes marins et terrestres, la généralisation de l’économie circulaire, la recherche de la sécurité alimentaire et d’un meilleur accès aux soins, la recherche de l’amélioration l’apprentissage et de la formation à l’entrepreneuriat, une meilleure orientation des investissements publics et privés, la lutte contre l’optimisation fiscale, le respect du droit du travail, la prévention des risques et une approche éthique dans les technologies. Ces propositions, réparties en 3 catégories, sont de véritables feuilles de routes pour les gouvernements. Elles sont réalistes et réalisables.

« Créer un monde meilleur », pour le plus grand nombre, ici et maintenant, n’est pas une utopie. C’est une réalité qui n’est pas encore révélée, nuance. Et cette réalité est à notre portée. Nous sommes tous des « changemakers », des créateurs de changement. Mais si on ne l’exige pas de nos leaders, pourquoi le feraient-ils? Pour qui?

Qu’est-ce qu’un leader au juste? Pas uniquement un chef de file. C’est aussi celui ou celle qui est censé avoir une vision et guider la communauté -qui l’a élu- vers cet objectif commun. Mais aujourd’hui, force est de constater que certains ont déçu ceux qui ont porté ces leaders à leur poste. Alors réalisons-le enfin: les leaders, c’est nous! Et nous méritons mieux que des demi-engagements, non tenus, années après années, COP après COP, par des leaders qui ont oublié leur mission première. Le combat pour le climat, pour l’environnement, pour la santé, pour la justice, aujourd’hui et pour les générations futures. Ce combat, il s’agit évidemment du plus grand combat non violent que l’humanité ait à mener.

Aujourd’hui, nous nous sentons forts pour mener ce combat citoyen. Et nous sommes fiers de nous engager pour le changement, concrètement. À l’occasion de la 2ème édition du Global Positive Forum, galvanisés et portés par la consultation citoyenne, des acteurs de la vie économique et politique mais aussi les militants des droits de l’homme ont été réunis le 20 novembre à Paris. Il s’agissait du dernier grand rendez-vous, avant le G20, devant lequel Positive Planet demandera d’adopter les 20 propositions concrètes et réalistes, issues des citoyens, qui peuvent changer la donne. Parce qu’il est encore temps d’agir aux côtés de Katrin Jakobsdóttir, Première Ministre d’Islande, Gabriela Michetti, Vice-Présidente de la République d’Argentine, Jean-Yves Le Drian, Ministre de l’Europe et des Affaires Étrangères de la France, Inna Shevchenko, Leader des FEMEN, Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, Pascal Canfin, Directeur Général de WWF France, Pierre Moscovici, Commissaire Européen aux Affaires économiques et financières à la fiscalité et aux Douanes, François Toujas, Président de l’Établissement Français du Sang, Isabelle Kocher, Directrice Générale d’Engie,Mercedes Erra, Co-fondatrice de BETC et Présidente Exécutive de Havas Worldwide, Antoine Frérot, Président Directeur Général de Véolia… et de nombreuses autres personnalités présentes au GPF. Car c’est bien de nous tous que viendra le changement.

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