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Uniterres: quand l’aide alimentaire soutient l’agriculture locale

Par Véronique BLANCHOT, Responsable du programme Uniterres & Isabelle TECHOUEYRES, Assistante du programme Uniterres ANDES France | 26 janvier 2018 | Mis à jour à 02:01


Le Monde est vert

| Créée en 2000, l’association nationale de développement des épiceries solidaires (ANDES) est une structure nationale d’aide alimentaire, reconnue par l’État Français, qui regroupe un réseau de 330 épiceries solidaires adhérentes en France, accueillant environ 152 000 personnes bénéficiaires par an. Au travers des épiceries solidaires, ANDES propose un modèle d’aide alimentaire participatif, aussi proche que possible des circuits traditionnels de consommation, visant à promouvoir l’autonomie des personnes et leur insertion durable.

 

L’initiative Uniterres remet en cause les schémas classiques de l’aide alimentaire en créant de nouvelles solidarités locales. Elle offre la possibilité, tant aux agriculteurs impliqués qu’aux bénéficiaires de l’aide alimentaire, de retrouver une certaine capacité d’agir. Uniterres est le fruit d’un double constat : l’augmentation du nombre d’agriculteurs fragilisés orientés vers l’aide alimentaire d’une part, et d’autre part, la faible consommation de produits frais par les bénéficiaires de l’aide alimentaire, liée principalement à une carence d’offre des structures d’aide alimentaire.

Uniterres a plusieurs objectifs, en premier lieu améliorer la qualité de l’alimentation des populations bénéficiaires de l’aide alimentaire par un approvisionnement régulier en fruits et légumes frais et la promotion d’habitudes alimentaires favorables à la santé. Uniterres vise aussi à renforcer le lien social entre consommateurs et producteurs, soutenir le développement de l’agriculture paysanne locale, favoriser des modes de production agricole respectueux de l’environnement, solidaires et éthiques et prévenir le gaspillage alimentaire en déterminant au plus près les besoins des clients des épiceries solidaires pour ajuster la production avant la mise en culture. Ce programme global repose sur trois axes indissociables liés aux valeurs de la transition alimentaire et agricole, le premier étant l’approvisionnement en produits issus de circuits courts et de proximité. Deuxièmement, des actions participatives, vectrices de solidarité et d’échanges, visent à animer les relations entre producteurs et bénéficiaires des épiceries sociales afin de valoriser les fruits et légumes, le travail des agriculteurs, et de permettre des choix éclairés aux consommateurs.

Enfin, Uniterres accompagne individuellement des producteurs fragilisés, et dans une volonté d’insertion économique et sociale, assure le maintien en activité de personnes éloignées de l’emploi en les faisant participer au fonctionnement du dispositif.

Aujourd’hui, Uniterres est présent dans les régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie

54 épiceries solidaires sont aujourd’hui engagées dans le dispositif et approvisionnent 22 000 bénéficiaires en produits frais, locaux et de saison. Le réseau ANDES, à travers Uniterres, a acheté pour 442 000 € de produits alimentaires aux producteurs fragilisés en 2016. Plus de 600 ateliers et interventions participatives ont été réalisés au cours de la dernière saison, notamment la visite de lieux de production, de tables de producteurs, l’organisation d’ateliers « la Compagnie des Gourmands ». Ce sont 122 agriculteurs locaux en situation de fragilité que nous soutenons par le programme Uniterres, dont 50 % de producteurs bio ; 230 tonnes de produits ont été livrées en 2016*.

Uniterres-équitable: objectifs, philosophie du projet et publics/cibles

Uniterres-équitable est un service proposé aux collectivités locales, aux restaurateurs privés et aux acteurs de la distribution ; nous proposons à partir de notre réseau d’agriculteurs, qu’Uniterres a constitué sur les territoires, d’assurer la logistique (gestion des commandes, livraison, facturation) pour livrer en direct fruits, légumes et œufs de proximité. Uniterres-équitable constitue une réponse pour des collectivités cherchant à privilégier une stratégie d’achat en circuit-court. Nous promouvons l’organisation d’animations visant à une meilleure connaissance des produits, à travers la mise en relation directe de producteurs et consommateurs, des visites d’exploitations agricoles de proximité ou encore des dégustations. L’objectif d’ANDES est de tendre vers 50 % d’autofinancement des charges de fonctionnement d’Uniterres, afin d’assurer la pérennité du programme à destination des épiceries sociales, tout en ouvrant aux producteurs locaux de nouveaux débouchés commerciaux, qui peuvent ainsi assurer une consolidation de leur activité.

Notre contribution à l’atelier 12 des EGA

ANDES, qui a participé à l’atelier 12 des EGA (« Lutter contre l’insécurité alimentaire, s’assurer que chacun puisse avoir accès à une alimentation suffisante et de qualité en France et dans le monde ») s’est positionné sur plusieurs points. Tout d’abord, en soulignant la nécessité d’une révision de l’emploi des financements publics destinés à l’achat des produits. Nous affichons la volonté qu’une plus grande part des fonds publics soit utilisée pour acheter des denrées alimentaires en fonction des besoins des bénéficiaires (diversité, qualité, accès à des produits alimentaires respectueux des envies et des habitudes alimentaires). La question du choix est intrinsèquement liée à celle de l’émancipation des personnes bénéficiaires de l’aide alimentaire, cette capacité d’agir leur permettant de se reconnaître et d’être reconnues comme acteurs.
Il est également nécessaire d’inclure dans la formation des travailleurs sociaux un module sur la place de l’alimentation chez les personnes en situation de précarité. La lutte contre la précarité alimentaire doit aussi intégrer une dimension territorialisée, avec la mise en relation des consommateurs et des producteurs locaux. Les ressources logistiques, permettant un fonctionnement de proximité, ont alors besoin d’être soutenues et financées. Enfin, les évaluations des dispositifs d’aide alimentaire devraient se baser sur des indicateurs autant qualitatifs que quantitatifs.

*670000 unités produits : lorsque le produit est vendu au kilo, Uniterres considère qu’1 kg = 1 unité. Lorsque le produit est vendu à la botte, à la pièce, à la barquette ou à l’unité, nous considérons chaque mode de commercialisation comme une unité.
Article extrait du Journal Resolis « La lutte contre la précarité alimentaire – 60 initiatives locales pour une alimentation solidaire », publié avec l’aimable autorisation de Resolis.
Pour en savoir plus: http://resolis.org/journal