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Public Open Innovation: une dynamique par et pour les territoires
Par Christophe Itier | Pdt Mouves & Directeur général La Sauvegarde du Nord | 15 septembre 2017 | Mis à jour à 09:09

Communautés
| Longtemps considéré comme participant d’une économie marginale, voire même d’une sympathique utopie, l’entrepreneuriat social s’impose partout dans le monde comme une des réponses nouvelles aux défis que doivent relever les territoires, mégapoles comme petites agglomérations : lutte contre la pollution, recyclage des déchets, propreté, lutte contre les exclusions, promotion de la culture, circuits-courts, accessibilité… Autant de secteurs investis par les entreprises sociales, dont les activités sont tournées vers les besoins sociaux et environnementaux fondamentaux des citoyens.
Par exemple, l’entreprise d’insertion Ares, avec sa filiale la Petite Reine, réinvente des solutions de livraison propres pour assurer la logistique jusqu’au client final avec zéro émission de CO2. A Bordeaux, la Conciergerie solidaire propose aux salariés des entreprises de la métropole des concierges qui leur facilitent la vie au quotidien, tandis qu’à Epinal, FMS Lorraine accompagne chaque année près de 10 000 usagers pour répondre à leurs difficultés socio-économiques. Certaines entreprises sociales se rassemblent aussi pour développer l’attractivité et la création d’emploi sur leur territoire comme FigEActeurs dans le Lot ou le Clus’Ter Jura.
Par nature profondément ancrées dans leur environnement socio-économique, les entreprises sociales sont partout autour de nous. Toutes sont créatrices d’emplois et de richesses durables et personnifient un entrepreneuriat local, au plus près de celles et ceux qui y vivent. Pour elles, projet social et projet économique vont de pair pour développer l’innovation sociale face à des besoins sociaux qui se complexifient et s’étendent sur tous les territoires.
L’économie sociale et solidaire (ESS) compte ainsi de plus en plus de startups innovantes qui créent des solutions et des emplois. De-puis 2000, l’emploi privé dans l’ESS a progressé de 24%, alors qu’il n’a progressé que de 4,5% dans le secteur privé hors ESS. Et près de 600 000 emplois sont à renouveler d’ici à 2020 en raison des départs en retraite. Mais aujourd’hui, la création de startups dans tous les domaines accentue la centralisation de la vie économique française : 20 zones d’emplois rassemblent plus de 80% des startups, avec en tête Paris, Toulouse, Lyon, Lille ou Montpellier. Comment donc encourager l’innovation sociale sur tous les territoires ? Car il y a un double enjeu : y développer de l’emploi pour une jeunesse avide d’entreprendre mais aussi y trouver des solutions nouvelles face à des défis inédits.
La démarche de l’open innovation
Une réelle dynamique d’open in-novation portée par les pouvoirs publics pourrait accompagner l’émergence et le développement des startups sociales. La France s’engage a initié ce mouvement de rapprochement entre la société civile et les pouvoirs publics, il s’agit maintenant d’en faire un axe plus structurant dans la construction des solutions de demain partant du terrain. Elle pourrait notamment répondre à trois enjeux forts : le sourcing et le financement de projets innovants, l’évaluation partagée de l’impact et l’évolution des cadres règlementaires pour innover.
Pour cela, l’Etat et les collectivités locales doivent s’impliquer à tous les échelons. D’abord au niveau local, en développant des catalyseurs de startups dans les territoires hors des grandes métropoles. L’objectif étant d’identifier les projets innovants, d’encourager la création et la reprise d’activité ainsi que de favoriser la coopération entre acteurs pour innover. Ensuite au niveau national, en créant un fond « public open innovation », rattaché au Premier Ministre. Le fonds viserait à accompagner l’éclosion de solutions à fort potentiel de réplication qui ont besoin d’un accompagnement financier, juridique et d’une évaluation solide. Un tel rapprochement avec les ministères concernés permettrait d‘inspirer les politiques publiques de demain. Enfin, au niveau politique, en permettant de faire connaître et reconnaître l’impact social mais aussi financier de ces innovations sociales auprès des élus, en parlant le langage de la preuve.
C’est ainsi, par le développement d’une alliance concrète entre pouvoirs publics et entrepreneurs sociaux, entre efficacité et intérêt général, que nous pourrons réelle-ment faire bouger les lignes, pro-poser une autre vision de la société et répondre aux défis du monde d’aujourd’hui. C’est ainsi que nous pourrons réellement encourager des dynamiques entrepreneuriales partout en France et notamment là où il y en a le plus besoin. C’est ainsi que nous trouverons une manière de faire ensemble, d’innover et d’agir : chacun a sa place pour redonner corps à nos valeurs républicaines et porter un message d’optimisme et de confiance en l’avenir aux jeunes générations.
Article extrait du Baromètre de l’Entrepreneuriat Social 2017, publié avec l’aimable autorisation de notre partenaire-contributeur Convergences