Fonds Vert pour les Femmes R20

| À l’occasion du lancement du Fonds Vert R20 pour les Femmes, initié par Michèle Sabban, Présidente d’honneur du R20, plusieurs femmes de cœur et d’ambition ont accepté d’apporter leur soutien au projet. Cette semaine, nous avons rencontré Anne Barre, fondatrice et Présidente d’honneur WECF France.

Pouvez-vous nous présenter votre association en quelques mots?

WECF (Women Engage for a Common Future) est une ONG qui intervient dans de nombreux processus de l’ONU afin d’y défendre les droits de la société civile, en particulier ceux des femmes. Elle a été fondée en 1994 dans la dynamique du premier Sommet de la Terre.

WECF participe activement aux grandes conventions de l’ONU pour y représenter les femmes, notamment dans le cadre de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC), où s’est créé avec d’autres ONG le Groupe Femmes et Genre (Women and Gender Constituency-WGC), officiellement établi en 2009 comme l’un des neuf groupes de la société civile. WECF est un partenaire officiel du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), et un membre organisateur du comité mondial de coordination du Groupe Majeur Femmes, dans le processus de mise en application des dix-sept ODD adoptés en septembre 2015.

Au sein de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), WECF et le Groupe Femmes et Genre portent la voix des femmes, afin que leurs droits soient intégrés dans tous les processus de négociation, tous les textes, objectifs et résultats à atteindre dans le cadre de cette Convention.

Sur le terrain, WECF met en oeuvre au quotidien des solutions techniques appropriées, abordables et sûres écologiquement et socialement. Ainsi, en Géorgie depuis 2010, WECF forme les populations rurales, notamment les femmes, à la fabrication et l’installation de chauffe-eau et séchoirs solaires. WECF a également contribué en 2015 à la création de quatre coopératives d’énergie entièrement paritaires. Les femmes s’avèrent être les meilleures promotrices des solutions solaires en Géorgie, et permettent à chaque foyer d’économiser une tonne de CO2 par an et 30% des dépenses courantes.

WECF a également été l’une des ONG fondatrices du Prix « Solutions Genre et Climat » décerné pour la première fois lors de la COP21 par la Women and Gender Constituency. Lors de la COP22 (Conférence des Parties) à Marrakech en novembre 2016, WECF et ses partenaires ont présenté à nouveau ce Prix, afin que les représentants des États reconnaissent et soutiennent les initiatives concrètes menées par les femmes, et les intègrent dans le plan d’action global pour le climat. Nous montrons ainsi en quoi l’égalité femmes-hommes est une condition sine qua non de la justice climatique.

Afin de porter ce message à tous les niveaux nous participerons également au Sommet Climate Chance, à Agadir du 11 au 13 septembre 2017. Ce sommet mobilise les acteurs non étatiques – villes et régions, entreprises, ONG, syndicats, paysans, jeunes et femmes pour le climat. WECF s’engage pour que les financements internationaux comme le Fonds Vert, le Fonds Adaptation, ou encore le Fonds d’investissement pour le climat, atteignent l’échelle locale et soient accessibles à des organisations de femmes. WECF travaille également avec des partenaires marocains à la production locale de solutions solaires améliorant les conditions de vie des femmes et participant à la dynamique économique des territoires, à travers la création d’une coopérative d’énergie dans la Région du Souss Massa.

Comment expliquez-vous le rôle des femmes dans la lutte contre le changement climatique? Et pourquoi d’après vous a-t-il été si longtemps minimisé?

Pour faire face au dérèglement climatique déjà en cours sur tous les continents, nous avons besoin de renforcer la résilience des territoires et des populations, en donnant la possibilité à chacun et chacune d’agir. Souvent détentrices de savoir-faire ancestraux et adaptés localement, les femmes développent partout des solutions qui permettent la survie des populations et la préservation de la biodiversité des écosystèmes (agriculture résiliente, gestion et conservation de l’eau, des aliments ou des énergies).

Elles contribuent ainsi à mettre en place des stratégies d’adaptation et d’atténuation particulièrement en phase avec les besoins de leurs communautés et territoires : production de solutions d’énergies renouvelables génératrices de revenus et contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, lutte contre la déforestation, entraide et systèmes d’alerte lors de crues meurtrières, innovations en agro-écologie pour redonner de la fertilité aux sols….les exemples sont innombrables. Ces réussites locales pourraient être amplifiées, répliquées, si elles étaient correctement mises en valeur et prises en compte dans les orientations internationales et financées par les fonds climat.

Les femmes sont sous-représentées dans les organes de gouvernance locale et les parlements nationaux, elles ont peu de chances d’accéder aux postes de ministères des finances, de l’environnement ou de la recherche  la science, la technologie. Elles ne participent pas de manière égale aux espaces clés formalisés de décision politique. De ce fait, tout un pan de solutions efficaces, que les femmes mettent en oeuvre, sont souvent ignorées des décideurs qui donnent la priorité aux réponses technologiques, aux grands projets coûteux plus impressionnants mais rarement accessibles aux populations les plus démunies dans les territoires reculés.

Un petit mot pour soutenir l’initiative du Fonds Vert R20 pour les Femmes?

Je trouve l’initiative du Fond Vert R20 pour les Femmes excellente, car les femmes manquent justement de financement adéquat et ciblé pour développer et mettre à l’échelle leurs solutions innovantes et pertinentes.

Je félicite Michèle Sabban et le Président du R20, Arnold Schwarzenegger pour cette initiative courageuse et exemplaire ! Le Fonds Vert pour les Femmes peut devenir un puissant levier pour mobiliser des fonds climats additionnels spécifiquement dédiés à l’intégration de l’égalité de genre dans les politiques-climats. L’humanité ne pourra réussir dans l’ambitieuse transformation écologique et énergétique dont notre planète à besoin pour faire face à l’urgence climatique, que si les femmes sont impliquées à part entière et à égalité dans cette formidable transition.

Pour en savoir plus : http://www.wecf.eu/francais/