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Les #ChangeMakers de Cyrielle Hariel : Michèle Sabban

Par Cyrielle Hariel | Journaliste Green & Positive | 29 janvier 2017 | Mis à jour à 05:01


Fonds Vert pour les Femmes R20

| Michèle Sabban, Présidente du R20, soutenue par son fondateur l’ancien Gouverneur de Californie Arnold Schwarzenegger, tente de trouver des solutions durables aux problématiques actuelles en lançant notamment un Fonds Vert pour les femmes, dédié à soutenir des projets verts portés par des femmes dans le monde entier. En parallèle, en partenariat avec la Fondation Leonardo DiCaprio sur la Campagne des 100 projets de solutions, le R20 compte bien faire des régions du monde de véritables acteurs de la lutte contre le dérèglement climatique et tendre la main aux initiatives féminines grâce à leur coalition de partenaires. Rencontre avec une militante pour qui #PourUnMondeMeilleur rime avec solutions vertes, durables et féminines pour répondre au plus grand défi du XXIème siècle.

 

J’ai pu observer la forte implication des femmes, notamment africaines, dans les activités liées à l’agriculture, la santé, ou encore l’énergie, et le constat est clair : les femmes sont les premières victimes des désordres du climat mais également les premières actrices de la lutte contre le dérèglement climatique. 

Michèle Sabban, Présidente du R20

 

Le R20 est né en 2010, quel est votre discours pour faire adhérer les régions à devenir actrices du changement d’un monde meilleur depuis 6 ans?

Le R20 — Regions of Climate Action — est une ONG, fondée en 2010 par le gouverneur Arnold Schwarzenegger et d’autres leaders mondiaux, en coopération avec l’ONU. Nous nous présentons comme une coalition de partenaires (entreprises, experts, gouvernements locaux), qui identifient et développent au niveau régional des projets d’infrastructures vertes offrant des avantages économiques et environnementaux. Plus qu’un think tank, le R20 se présente comme un action tank.

Notre particularité est d’intervenir au niveau des régions. Nous pensons que l’approche bottom-up, ascendante, est la plus à même de répondre aux enjeux climatiques.

La crise actuelle ne facilite pas les engagements demandés aux États, et l’arrivée de Donald Trump, climato-sceptique, à la tête des États-Unis en est la parfaite illustration. Il faut poursuivre le combat, et convaincre la communauté internationale de continuer à s’engager effectivement dans la continuité de l’Accord de Paris, grâce à des politiques ambitieuses.

Face à ce constat, nos territoires et nos villes ne doivent plus rester en retrait par rapport aux problématiques climatiques, mais devenir de réels acteurs. Nous sommes persuadés que les gouvernements subnationaux sont les mieux placés pour mettre en œuvre des projets durables utilisant des énergies renouvelables, puisqu’ils connaissent parfaitement les besoins et ressources de leur territoire.

Les acteurs locaux sont conscients de la portée de leurs actions et de nombreux projets que nous avons menés illustrent cette forte volonté de réalisation.

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Visite du CET (Centre d’Enfouissement Technique) de Hassi Bounif, dans lequel sont regroupés l’unité pilote de production de compost, la chaîne de tri et le nouveau centre de tri collectif.

Quel rôle a joué le R20 lors de cette COP22?

Pendant la COP21, notre ambition était de porter la voix des régions et des collectivités territoriales dans la rédaction de l’Accord de Paris. L’immense succès de cette COP à Paris nous a conforté dans notre ambition. La COP22 s’est alors présentée à nous comme la COP de l’action et des réalisations.

À Marrakech, nous avons officiellement lancé la campagne des 100 projets de solutions, en collaboration avec la Fondation Leonardo DiCaprio. L’objectif de cette campagne est d’identifier une centaine de projets d’énergies renouvelables, de gestions de déchets et d’efficacité énergétique en provenance du monde entier qui ont besoin d’un soutien technique et financier à développer.

Aussi, nous avons lancé au Maroc notre Fonds Vert R20 pour les Femmes dans l’économie verte. Ce Fonds bénéficiera aux femmes entrepreneures de tous les pays qui proposent des projets d’entreprises vertes, des start-up ou PME employant et contribuant à l’émancipation des femmes dans l’économie verte. De tels projets doivent démontrer la capacité des femmes à devenir des leaders du développement durable.

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Rencontre avec des femmes marocaines lors de la visite du Pavillon Villes & Régions à la COP22

Parlez-nous de votre Fonds Vert R20 pour les Femmes, comment allez-vous sélectionner vos projets?

En mai 2015, lors du « Women’s Tribune : Femmes pour le Climat », qui s’est déroulé à Skhirat au Maroc en collaboration avec UN Women, le R20 s’est saisi de la question de la place des femmes, et de leurs actions concrètes dans la lutte contre le réchauffement climatique.

J’ai pu observer la forte implication des femmes, notamment africaines, dans les activités liées à l’agriculture, la santé, ou encore l’énergie, et le constat est clair : les femmes sont les premières victimes des désordres du climat mais également les premières actrices de la lutte contre le dérèglement climatique.

C’est pourquoi lors de la COP22, avec l’aval de Monsieur Arnold Schwarzenegger, nous nous sommes engagés à mettre en place un Fonds Vert R20 pour les Femmes afin de participer à leur « empowerment » et de leur donner les moyens de conduire sur le terrain des initiatives écologiques, de développement responsable et solidaire.

Avec ce Fonds, nous souhaitons devenir un réceptacle d’initiatives concrètes qui pourront bénéficier de l’expertise du R20 et de financements, pour passer à la vitesse supérieure.

Afin d’alimenter cette initiative, sous proposition d’Arnold Schwarzenegger, je vais rencontrer les premières dames d’Afrique et du monde, qui sont souvent très impliquées dans différentes fondations et que je souhaite sensibiliser dans la mission qu’elles accomplissent au service de l’intérêt général.

La Fondation Leonardo DiCaprio a déjà confirmé son implication et nous sommes toujours à la recherche de mécènes qui souhaitent soutenir notre initiative (entreprises, particuliers, fondations etc.)

Concernant la sélection des projets qui pourront profiter de subventions, des critères d’éligibilité seront mis en place et nous comptons sur nos partenaires locaux pour nous faire remonter des projets de terrain.

Depuis Mai 2016 le R20 et la Fondation DiCaprio sont partenaires. Qu’allez-vous mettre en place après cette COP22?

Comme je le disais, en mai 2016, nous avons annoncé notre collaboration avec la Fondation Leonardo DiCaprio afin de soutenir l’appel du Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki Moon, pour accentuer la mise en place de solutions aux problématiques du changement climatique. Je vois dans cette initiative un signal fort pour le financement de projets neutres en carbone.

Notre souhait est de collaborer ensemble pour identifier une centaine de projets d’énergies renouvelables, de gestions de déchets et d’efficacité énergétique en provenance du monde entier qui ont besoin d’un soutien technique et financier à développer, et que les gouvernements locaux sont prêts à soutenir. En termes financiers, l’accord s’est traduit par une subvention de 650.000 USD accordée par La Fondation Leonardo DiCaprio au R20 permettant d’analyser et d’encourager les meilleures initiatives.

La campagne des 100 projets a été un succès et plus de 500 projets nous sont revenus, une première sélection a été effectuée lors de la COP22 et il s’agit aujourd’hui pour nous d’affiner cette sélection afin d’amorcer le financement des projets.

Les femmes sont les premières victimes du réchauffement climatique, expliquez-nous pourquoi et comment nous pouvons à notre échelle jouer un rôle clé?

Les femmes sont les premières victimes du réchauffement climatique, mais elles sont surtout les premières actrices de la lutte contre le changement climatique. Participer à leur « empowerment », leur donner les moyens de conduire sur le terrain des initiatives écologiques, de développement responsable et solidaire, c’est aussi cela, réussir le changement climatique. Lors du Women’s Tribune de Skhirat, Awa Meité Van Til, jeune entrepreneure malienne, m’a marqué en résumant la situation ainsi : « Pour les femmes du sud, le défi environnemental est aussi celui de la reconstruction de soi », comment rester insensible à ce type de discours ? Tous à notre échelle nous devons nous mobiliser pour soutenir ces femmes qui désirent participer à la reconstruction de notre écosystème mais également à leur reconstruction personnelle.

La contribution de chacun peut-être financière bien sûr, mais elle peut également être éthique, participative et solidaire, il s’agit de faire passer des messages et de faire comprendre à ces femmes qui se battent au quotidien qu’elles doivent prendre confiance en elles et en leurs capacités d’entreprendre.

Vos prochains projets et initiatives?

Cette année 2017, nous l’espérons, sera plus une « année de réalisations » qu’une « année de projets » pour nous. Nous avons beaucoup travaillé à notre Fonds Vert R20 pour les Femmes et à la campagne des 100 projets de solutions, nous souhaitons désormais nous concentrer sur la matérialisation de nos ambitions.

Aussi, nous savons aujourd’hui que la COP23 sera présidée par les Iles Fidji, et il nous tient à cœur d’être présent dans les grandes manifestations et initiatives iliennes, pour soutenir ces régions du monde qui sont extrêmement touchées par les dérives climatiques. Nous mettrons un point d’honneur à nous engager à leur coté afin que leur voix soit portée devant les décideurs locaux et nationaux.

 

CréditsPhotos©CyrielleHariel
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