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Fathia Bennis, le micro-crédit au service de femmes qui innovent

Par TEAM R20 | 05 juillet 2016 | Mis à jour à 08:07


Fonds Vert pour les Femmes R20

| À la tête de Maroclear, Fathia Bennis, elle-même femme de pouvoir, cherche à développer la présence de femmes à des postes de décisions en Afrique. Au sein du Fonds Vert pour les Femmes R20, elle entend que les femmes entrepreneurs montrent l’exemple.

 

Lors d’une récente réunion du Conseil du développement et de la solidarité, un think tank spécialisé dans les sujets liés au développement et à l’équilibre social du Maroc, Fathia Bennis s’est fait un plaisir de jouer sa petite musique en faveur de la protection du climat. Devant un parterre d’hommes d’affaires italiens, venus parler investissement, elle a rappelé l’importance de financer des projets certes créateurs d’emplois mais également respectueux de l’environnement.

J’étais un peu la mouche du coche lors de cette rencontre parce qu’il est important de pousser à changer les mentalités.

Évoluer dans un univers d’hommes et faire bouger les lignes, cette Marocaine diplômée en droit public, en sciences politiques et en relations économiques internationales, qui a fait l’essentiel de sa carrière dans la banque et la finance, y est rodée. Son parcours professionnel débute en 1984 à la Banque centrale du Maroc, où elle s’attelle notamment à la réforme du marché monétaire et du marché financier. De 1998 à 2000, elle est la première femme à la tête de la Bourse de Casablanca. Elle dépoussière cette institution créée en 1929 en organisant l’automatisation et la dématérialisation des échanges. Suit un passage remarqué à l’Office national marocain du tourisme de 2000 à 2005, où elle invente la signature «Le Maroc, le plus beau pays du monde».

Le plus beau, comme lorsque une mère parle de son enfant pour dire qu’il est le plus beau du monde à ses yeux.

Aujourd’hui à la tête de Maroclear, le dépositaire central des titres de la place boursière de Casablanca qui exécute le règlement des opérations financières, cette multi-diplômée faite chevalier de l’ordre du Mérite de la République française en 2002, qui a consacré son 3e cycle universitaire à la condition de la femme en droit international, a également créé en 2008 une association, Women’s Tribune. Objectif: stimuler la présence de femmes à des postes de décisions en Afrique et dans les pays arables.

Aujourd’hui au Maroc, sur le plan économique, les femmes ont accès au crédit comme les hommes. Les banques ne sont pas sexistes. Ajoutez à cela qu’elles sont plus sérieuses que les hommes puisque les statistiques montrent qu’elles remboursent leur micro-crédit avec plus de régularité que les messieurs. Au Maroc, il existe toutefois un blocage dans la législation puisque les hommes héritent deux fois plus que les femmes en cas de succession. Cette mesure handicape celles qui voudraient investir leur capital dans l’économie réelle.»

Au sein du Fonds Vert R20 pour les Femmes, où Michèle Sabban, présidente du R20, l’a accueillie pour son dynamisme, Fathia Bennis entend bien offrir à des femmes du Maroc, d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, la possibilité de financer des projets innovants. Son arme? Le micro-crédit. Dans sa besace, cinq projets auxquels elles croient et qui ont été sélectionnés par une commission ad hoc dédiée à l’entreprenariat au féminin, dont celui de cette Marocaine qui développe des graines de semence sans pesticide ou cette Malienne qui s’est fait une spécialité de recycler les déchets.

Il faut que ces projets crée de l’emploi et pousse à la formation, ce sont deux conditions importantes pour prétendre à un financement. En plus de donner des moyens à ces femmes méritantes, il s’agit aussi de leur offrir de la visibilité pour qu’elles inspirent d’autres femmes.

Un juste retour des choses pour Fathia Bennis.

Moi-même, j’ai eu la chance de faire partie d’une génération qui a fait des études. Ces dernières sont gratuites au Maroc. Il est normal que le gouvernement marocain ait une sorte de retour sur investissement. C’est ainsi que je conçois mon implication dans l’évolution des mentalités.

Rendre la monnaie de la pièce et servir d’exemple: Fathia Bennis, farouche militante pour l’égalité des sexes et des chances, souhaite transposer ces deux règles de vie au service de la protection de la planète.