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Les toits végétalisés : une solution pour réguler les eaux de pluie

Par GoodPlanet Mag' | 09 septembre 2024 | Mis à jour à 09:09


Le Monde est vert

| Préserver la biodiversité, lutter contre la chaleur, dépolluer l’air… Les toits végétalisés ont de nombreux avantages face au dérèglement climatique, mais ils permettent également d’éviter les inondations et mieux réguler les eaux de pluie.

Une propriété exploitée par le Jardin sur le toit, association qui fait pousser fruits et légumes en ville à plusieurs mètres de hauteur, sur des toits végétalisés, grâce à l’eau de pluie.

« On l’utilise directement lorsqu’elle tombe, ou via des récupérateurs d’eau », explique Jean-Julien, 68 ans, bénévole de l’association, dont le jardin partagé sur le toit d’un gymnase permet aux particuliers de cultiver fruits et légumes en plein 20e arrondissement parisien.

Cette oasis verte contraste avec les surfaces imperméables (goudron, béton) omniprésentes en ville, empêchant l’infiltration de l’eau dans le sol.

Conséquences : les rues sont plus chaudes, moins humides et le risque d’inondation grandit.

Dans une ville comme Paris, le réseau d’évacuation des eaux usées côtoie celui des eaux de pluie. En cas de fortes intempéries le système d’évacuation se retrouve saturé et risque de déborder.

Stocker l’eau

« Le toit végétalisé est avant tout un moyen de stocker l’eau » explique Hervé Andrieu, hydrologue retraité, « plus il est épais plus on stocke d’eau ».

Les toits verts se décomposent en trois catégories. Les extensifs avec une très faible profondeur de 10 cm, qui accueillent des plantes grasses et qui ne demandent pas d’entretien.

Les semi-intensifs où l’on peut faire pousser du gazon et des arbustes pouvant faire jusqu’à 30 cm d’épaisseur.

Et les intensifs, les plus profonds, entre 30 cm et 1 m où peuvent même pousser des arbres et sur lesquels on peut se déplacer librement.

Un toit végétalisé peut absorber « 50 à 70% de la pluie annuelle en moyenne pour des substrats de 3 à 15 cm », explique David Ramier, hydrologue au Cerema.

Une fois stockée, l’eau va vivre un « mini-cycle ». Tombée du ciel, elle sera captée par les plantes et la terre sur le toit, puis s’évapore, retournant ainsi dans l’atmosphère. Cette dernière étape, l’évapotranspiration, permet de ressentir une sensation de fraîcheur à proximité du toit.

 Protéger le bâti

« Le fait que l’eau soit stockée dans le système de végétalisation n’est pas un risque » pour le toit, assure Raphaël Dupont, poseur de toit végétalisé, qui a participé notamment à la construction de l’Arena Porte de la Chapelle.

Au contraire, le toit végétalisé aide à mieux préserver l’imperméabilisation du toit, « à condition que le travail soit bien fait ».

De matière synthétique ou bitumeuse ces protections sont généralement recouvertes de gravier ou de dalles sur plots et nécessitent d’être changées tous les 20 à 25 ans.

« Les toits végétalisés agissent de deux manières pour mieux protéger ces surfaces, par un effet de gravité et par un effet d’isolant, ce qui va limiter les écarts de températures et mieux conserver l’intégrité de l’imperméabilisant qui pourra durer quelques années de plus », complète le couvreur.

Mais pour pouvoir installer une végétalisation sur son toit, il faut s’assurer que le bâtiment puisse supporter son poids et posséder une imperméabilisation certifiée contre le risque d’être percé par les racines.

« Aujourd’hui beaucoup de protections possèdent déjà cette certification, même sans végétalisation » assure Raphaël.

Si le coût reste similaire à un toit classique en cas de construction, il est plus élevé de 20 à 38% en moyenne, selon le type de toit végétalisé choisi, lorsqu’on convertit un toit traditionnel d’après plusieurs professionnels.

Des aides financières existent pour aider à investir et sont plus ou moins importantes suivant les départements.

Quand bien même les toits végétalisés présentent une solution efficace pour gérer les eaux de ruissellement, « ce n’est pas la solution unique » pour répondre entièrement au problème de la gestion de l’eau en ville, tempère toutefois David Ramier.

Article publié avec l’aimable autorisation du GoodPlanet Mag’. Article source ici. Photoouverture©Creativecommon.