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Les impacts du changement climatique sur les écoles en France
Par Julien Provost pour le GoodPlanet Mag' | 06 septembre 2024 | Mis à jour à 10:09
Le Monde est vert
| Les 59 000 établissements scolaires de France, comme le reste de la société, sont confrontés à la réalité du changement climatique. Entre la hausse des températures, l’exposition aux catastrophes naturelles comme les inondations et les sècheresses, l’adaptation au changement climatique représente un défi. Il en va non seulement du bien-être et la santé des élèves, de leur éducation, mais aussi des conditions de travail des équipes pédagogiques.
Des bâtiments inadaptés aux nouvelles conditions climatiques
À l’occasion de la rentrée des classes de septembre, l’association Oxfam France souligne que le retard français dans l’adaptation des bâtiments scolaires se montre un révélateur des inégalités sociales face au réchauffement climatique. Au moins 1,3 millions d’élèves sont concernés, leur exposition varie en fonction des régions. « C’est l’augmentation en intensité des périodes de forte chaleur mais aussi l’allongement dans le temps, de mai à octobre, qui impacte l’organisation scolaire. On voit donc que nous devons d’une part adapter nos infrastructures, investir dans des écoles isolées, mais aussi notre organisation sociale, en prenant en compte les inégalités sociales qui sont renforcées par le changement climatique », affirme Elise Naccarato, responsable Climat au sein d’Oxfam France. Plus de la moitié (55 %) des écoles maternelles françaises risquent d’être confrontées à des périodes excédant 35 °C à l’intérieur des classes à l’horizon 2030, selon l’ONG. Ce qui n’est pas sans conséquence sur l’enseignement puisque, toujours selon Oxfam, cela entraîne des « retards dans les programmes, [une] réduction des performances cognitives des élèves (-2 % pour chaque degré supplémentaire). »
Depuis 3 décennies, les records de chaleurs tandis que les événements climatiques extrêmes et les catastrophes naturelles sont plus fréquentes et intenses. L’État fait face à de nouveaux enjeux. En décembre 2023, une mission d’information parlementaire a rendu un rapport sur l’adaptation de l’école au changement climatique. Ses premiers constats portent sur le parc immobilier. Ce rapport rédigé par Graziella Melchior (députée Ensemble pour la République, Finistère, réélue en 2024) et Francesca Pasquini (députée Ecolo-NUPES, Hauts-de-Seine, non réélue en 2024) comporte 109 préconisations. Selon la Mission d’information sur l’adaptation de l’école aux enjeux climatiques, une grande partie du bâti actuel de l’Éducation Nationale n’est pas adaptée puisque la moitié du parc date d’avant 1914. Près de 10 % serait même dans un état de vétusté avancée. Il y est écrit que seulement que « 14 % du parc correspondrait aujourd’hui aux normes dites « bâtiments basse consommation ».
Face au défi de la mise aux normes du bâti scolaire, la complexité administrative
La mission d’information parlementaire rappelle que les compétences en matière de financement des établissements varient. Les écoles primaires dépendent des communes tandis que les collèges sont du ressort des départements et les lycées de celui des régions. Ce qui complexifie la mise en place d’une politique d’adaptation des infrastructures. D’après le rapport parlementaire, « l’’investissement annuel des collectivités dans le bâti scolaire s’élève à 8,3 milliards d’euros par an : 3,7 milliards d’euros pour les communes, 2,7 milliards d’euros pour les régions et 1,9 milliard d’euros pour les départements. », mais ses auteures soulignent que même si des plans de rénovation existent, les aides sont complexes à obtenir et peu lisibles. En effet, c’est à chacune des collectivités de s’emparer du sujet.
Une adaptation qui va au-delà des murs
Le changement climatique nécessite une transformation profonde et durable de la société. Au niveau de l’école, cela implique de revoir les programmes scolaires et la pédagogie afin de fournir aux élèves, et aux futurs citoyens, une meilleure connaissance des faits scientifiques et des enjeux liés à l’environnement. 4 jeunes sur 5 déclarent en 2023 accorder une grande importance aux enjeux environnementaux. Ils sont également en attente de formations aux métiers du secteur pour lesquels de nouvelles compétences doivent être développées.
Les établissements scolaires s’efforcent d’y répondre en agissant. 10 000 d’entre eux sont labelisés pour leur implication dans l’élaboration d’une démarche de développement durable (E3D). De plus, des éco-délégués sont élus au sein des établissements afin de favoriser la mise en place de mesures de réduction de l’impact environnemental.
L’adaptation passe également par des mesures afin de réduire l’empreinte carbone de la vie scolaire. La transition est en cours. Les rapporteurs parlementaires insistent sur l’alimentation, la mobilité et la sobriété. De plus en plus de cantines proposent ainsi des alternatives aux produits carnés ainsi que des repas sans protéines animales dans le cadre de la loi EGALIM.
Au niveau des déplacements entre la maison et l’école, des progrès sont possibles pour réduire le bilan carbone. Seulement un tiers des enfants ont recours à des modes de mobilité dite active, comme la marche ou le vélo, pour se rendre à l’école, déplore la commission parlementaire. Les trajets s’y prêtent pourtant car courts. En effet, la distance moyenne est de 2 km. Cependant, la majorité (37 %) des élèves se rendent à l’école en voiture. Sans doute en raison du sentiment de sécurité que cette dernière procure. Viennent ensuite, « la marche à pied (28 %), le car scolaire (18 %) et le bus (15 %). Les trajets en vélo ne représentent ainsi que 2 % des trajets scolaires ». Or, on sait, d’une part, que les comportements et habitudes pris dans l’enfance se gardent en partie adulte, et, d’autre part, que les mobilités actives, comme la marche et le vélo, bénéficient autant au climat qu’à la santé. C’est d’ailleurs pourquoi, parmi les 109 recommandations formulées par les députés pour aider l’école à relever le défi climatique figure l’apprentissage de la pratique du vélo.